Illustration d'un Content Management System (CMS) comme Strapi.
Expertise

Interview croisée : pourquoi choisir Strapi comme CMS pour vos projets web et mobile ?

Publié le : 15 juin 2023
Temps de lecture : 6 minutes

Sur de nombreux projets web, l’utilisation d’un CMS permet de gagner un temps fou. Mais encore faut-il trouver le bon… Chez theTribe, nos équipes n’étaient pas convaincues par les CMS les plus courants. Jusqu’à la découverte du CMS headless et open source Strapi, que nous avons utilisé sur une dizaine de projets clients.

Flexibilité, gain de temps, propreté du code, ouverture : Strapi séduit aussi bien nos équipes techniques que nos clients.

Nous avons même décidé d’aller plus loin en rejoignant le programme partenaire de Strapi, qui va nous permettre d’avoir accès aux équipes techniques de l’éditeur.

Mais comment fonctionne Strapi ? Sur quels types de projets l’utiliser ? Quels sont ses avantages ? 

Pour répondre à ces questions, nous avons interviewé Aurélien Georget, CPO & co-fondateur de Strapi, et Maxime Lenne, CTO de la tribu theTribe Lille, qui vient de sortir son premier plugin pour Strapi.

Aurélien, la devise de Strapi c’est “Manage any content, anywhere”. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Aurélien Georget (Strapi) : Tout d’abord, Strapi est un CMS (Content Management System), c’est à dire qu’à l’instar de WordPress ou Drupal, Strapi permet de créer des sites web dynamiques, avec la possibilité pour les utilisateurs de modifier les contenus via une interface visuelle. 

Mais la grande différence avec les CMS classiques, c’est que Strapi est un CMS headless, c’est à dire que la gestion des contenus est complètement découplée du front (ce que voit l’utilisateur final). Strapi met à disposition une API qui peut être appelée par un site web, une appli mobile, un CRM, un chatbot, et même des objets connectés. Strapi gère donc les données et ensuite, permet de les distribuer sur n’importe quel support : “any content, anywhere”.

Comment est née l’idée de Strapi ?

Aurélien Georget (Strapi) :  Nous avons créés Strapi en 2016, nous étions 3 étudiants qui étaient ensemble en école d’informatique à HETIC. En parallèle de l’école, on créait des sites et des apps en freelance, et c’est là que l’idée a germé. On s’est mis à plein temps sur le produit à la fin de nos études et on l’a lancé directement en open source. On était vraiment au tout début du headless à l’époque, et cela répondait à un réel besoin chez les développeurs.

En effet, on parlait de plus en plus de séparer le frontend du backend, par rapport à des CMS traditionnels monolithiques. Cela faisait écho à deux tendances de fond : d’une part, le développement des frameworks frontend comme Angular ou React, que les développeurs front adorent mais qui sont difficiles à utiliser quand on crée un site avec un CMS classique ; et d’autre part, la tendance des microservices, l’idée qu’on va utiliser le meilleur outil pour chaque besoin.

Aujourd’hui, on est 80 personnes, en full remote dans 20 pays différents même si une partie de l’équipe reste basée en France. On a levé 45 M€ sur 3 séries, ce qui nous a aidé à accélérer notre croissance.

Sur quels types de projet web Strapi est le plus pertinent ?

Maxime Lenne (theTribe) : Chez theTribe, on pense à Strapi dès que le client veut être autonome dans la mise à jour des contenus de son site. Par rapport au fait de développer une solution de gestion de contenus nous-même, on gagne énormément de temps. 

Et par rapport à d’autres CMS, la grosse différence c’est qu’avec Strapi on a une API ouverte. En front on peut avoir ce que l’on veut comme technologie, on peut avoir plusieurs sites, une appli mobile, peu importe : les données sont dans Strapi et ça offre une grande flexibilité. Cela permet au client d’avoir une solution rapide, avec un budget limité, qui peut évoluer ensuite.

Si on veut, on peut même créer un backoffice sur mesure. On l’a fait sur un projet où a utilisé Nova, une solution de gestion de backoffice PHP en Laravel, pour créer un backoffice sur mesure intégré au site du client, qui permet d’éditer les données qui sont dans Strapi. Cette souplesse, on ne peut pas l’avoir avec d’autres CMS.

Aurélien Georget (Strapi) : Strapi offre le maximum de son potentiel quand on ne veut pas juste créer un site, mais distribuer les données sur différents supports. On a des clients comme Toyota, qui utilisent Strapi pour pousser des campagnes et du contenu personnalisé sur leur appli mobile. Ou encore JC Decaux, qui utilise Strapi pour le contenu diffusé dans les arrêts de bus. On a même des pompiers qui reçoivent un flux audio venu de Strapi dans leur casque connecté ! 

J’ajouterais que Strapi Enterprise est beaucoup utilisé dans les domaines où la sécurité des données est un enjeu fort : santé, finance… En effet, la possibilité d’héberger eux-même la solution et d’avoir le contrôle sur tout est un sujet sensible pour les entreprises de ces secteurs. 

Enfin, je dirais que l’utilisation de Strapi fait sens quand on a un gros volume de données à gérer.

Dans quel cas Strapi n’est pas la meilleure solution ?

Aurélien Georget (Strapi) : Pour créer un petit site, quand on n’a pas de ressources techniques, il existe des outils nocode plus adaptés. Strapi prend tout son sens sur les projets plus complexes, comme des sites internet avec beaucoup de pages, quand l’image de marque est importante et qu’on veut un front sur mesure, et quand on a besoin que des outils tiers se connectent au CMS ou pour faciliter une expérience omnicanale.

Maxime Lenne (theTribe) : Si on a un besoin vraiment spécifique, personnalisé, à un moment on atteint les limites de Strapi et c’est normal. Dans ce cas, il vaut mieux accompagner Strapi d’autres briques (no-code, Saas, code) et « cloisonner » Strapi sur la gestion de contenu pur.

Maxime, peux-tu nous présenter un cas concret où theTribe a utilisé Strapi ?

Maxime Lenne (theTribe) : Avec Strapi, on a notamment fait la refonte du site de Homebox, qui permet de louer des espaces de stockage partout en France. 

Auparavant, le site était sur Drupal, et le client voulait passer sur une technologie plus moderne et performante. Mais surtout, le projet avait des spécificités qui rendaient l’utilisation de Strapi vraiment pertinente. 

D’abord, le client souhaitait un backoffice unique, lié à d’autres applications internes qui étaient déjà sur Strapi. Avec un autre CMS, on n’aurait pas pu faire ça. 

Il fallait également pouvoir donner la main à des agences pour la mise à jour des contenus, chaque agence ayant accès à un contenu bien précis. La gestion des droits dans Strapi le rendait possible.

Enfin, le site de Homebox est multilingue, et Strapi gère vraiment bien les traductions. Pour toutes ces raisons, Strapi était un bon choix.

Sur ce projet, on a utilisé plusieurs plugins qui se sont avérés de bonne qualité : pour le SEO, la création d’une sitemap, la gestion du cache, la création de templates d’emails…

Strapi est un logiciel open source. Qu’est-ce que ça change ?

Maxime Lenne (theTribe) : Déjà, Strapi étant open source, on peut l’héberger sur les serveurs du client, ce qui est parfois nécessaire. 

Ensuite, pour les développeurs, c’est important car on peut lire le code, comprendre comment c’est fait. On a aussi la possibilité d’utiliser les plugins créés par la communauté, et de créer nos propres plugins pour personnaliser l’outil. D’ailleurs, chez theTribe on va sortir notre premier plugin pour faire de l’export de données depuis Strapi, et on ne va pas s’arrêter là !

Aurélien Georget (Strapi) : L’ADN de Strapi est open source et ça ne va pas changer. On a une communauté qui est très active, qui contribue au projet, s’entraide sur Discord, crée des plugins… Proposer un produit open source, c’est offrir une grande flexibilité aux développeurs.

Et l’autre particularité de l’open source, c’est la gratuité : tout le monde peut télécharger gratuitement Strapi et l’installer sur un serveur. Aujourd’hui, Strapi a été téléchargé plus de 10 millions de fois !

Alors Strapi, c’est gratuit ? Quel est votre modèle économique ?

Aurélien Georget (Strapi) : On a une offre Enterprise, qui s’adresse aux clients qui veulent héberger eux-mêmes Strapi et bénéficier d’un support et d’un accompagnement professionnel. Cette offre permet aussi d’accéder à des fonctionnalités Premium comme le SSO. Les clients de cette offre sont principalement des grands groupes.

On a également lancé Strapi Cloud, une offre SaaS qui permet d’utiliser Strapi clé en main, sans s’occuper de l’hébergement. L’hébergement est optimisé pour Strapi et c’est vraiment intéressant pour les entreprises de taille plus intermédiaire.

Quel est l’intérêt pour une agence comme theTribe d’être partenaire de Strapi ?

Maxime Lenne (theTribe) : Le Partner Program va nous donner accès aux équipes de Strapi en support, si on a une question ou un problème précis. Et en tant qu’agence, c’est intéressant car cela nous donne une visibilité auprès des entreprises qui cherchent un intégrateur. De plus, grâce aux retours d’expériences de nos développeurs et clients, nous pourrons être force de proposition sur la roadmap de Strapi, je pense que ça peut être très appréciable pour le développement futur de Strapi.

Aurélien Georget (Strapi) : On offre à nos partenaires des sessions de formation, du partage de bonnes pratiques, on a une relation privilégiée avec eux. On essaye vraiment de créer un écosystème autour du produit.

Aurélien, peux-tu nous en dire plus sur votre roadmap ? Quels sont les projets de Strapi pour l’avenir ?

Aurélien Georget (Strapi) : Notre vision à long terme, c’est de faciliter la collaboration dans les équipes. 

On a commencé par répondre aux problèmes des développeurs qui étaient frustrés par les CMS traditionnels. Actuellement, on se concentre sur l’expérience d’édition dans Strapi, on veut faciliter le travail des content managers, notamment en intégrant des workflows de validation. 

Et à terme, on va travailler sur les content analytics, la personnalisation et l’automatisation. Notre projet c’est de créer une véritable Digital Experience Platform et de rapprocher les équipes pour accélérer le développement d’expériences digitales et optimiser toutes les étapes du cycle de vie des contenus.

Florent Lucas
Responsable Commercial & Marketing @thetribe