Visuel d'interview avec une citation et une photo d'Aurel Estoup, CTO chez theTribe Nantes
Culture

Interview métier | Aurel : Chief Technical Officer (CTO) chez theTribe

Publié le : 25 mai 2021
Temps de lecture : 5 minutes

Aurel est CTO (Chief Technical Officer) chez theTribe à Nantes depuis janvier 2021, après un parcours professionnel riche et original. Dans cet entretien, il nous présente sa vision de son métier de CTO : quotidien, avantages, difficultés et enjeux de ce poste central dans l’organisation.

Bonjour Aurel ! Peux-tu nous présenter ton parcours ?

Je suis depuis janvier 2021 le CTO (Chief Technical Officer) de la tribu de Nantes chez theTribe. Avant cela, j’ai eu un parcours professionnel assez éclectique et généraliste, ce qui fait que je me retrouve bien dans ce poste “touche-à-tout”.

En effet, j’ai suivi un cursus universitaire dans les Universités de Bordeaux (Science et Technique et Montaigne), au cours duquel j’ai touché aux langues, à l’informatique, et à l’archéologie !

J’ai porté plein de casquettes dans ma vie : webmaster et développeur amateur dans le jeu vidéo, développeur web en freelance, archéologue sous contrat, salarié comme développeur, lead développeur et architecte logiciel. On me demande souvent quelle est la cohérence entre archéologie et développement. C’est vrai que ça ne saute pas aux yeux,  et pourtant… Il y a certains éléments que je retiens :

  • le besoin de professionnalisme : produire de la connaissance avant qu’elle soit perdue à tout jamais, produire de la valeur sans bugs…
  • assouvir ma curiosité, découvrir et apprendre : enquêter sur les civilisations passées, résoudre des problèmes métiers pour répondre à un besoin utilisateur…
  • l’importance du travail en équipe : partager ses techniques et son savoir, guider et accompagner l’équipe dans les moments agréables et désagréables, inspirer et motiver l’équipe à toujours s’améliorer…

Beau parcours ! Revenons dans le présent : concrètement, en quoi consiste le poste de CTO chez theTribe ?

CTO chez theTribe, ce n’est pas la même chose que dans une autre entreprise : d’ailleurs, aucun poste de CTO ne se ressemble vraiment, je pense. Mais c’est vrai que le métier de CTO est surtout connu dans le cadre d’entreprises qui développent des produits : logiciels, applications, plateformes… 

Chez theTribe, nous ne fournissons pas un produit, mais une expertise à nos clients.

Dans ce cadre bien particulier, mes principales missions sont :

  • Faire grandir l’équipe, accompagner et fournir un environnement favorable à la progression de chacun (développeurs et non développeurs) ; 
  • Être le garant de la qualité des projets livrés, mettre en place des bonnes pratiques et favoriser l’amélioration continue ;
  • Donner une vision et participer à la construction d’une culture technique d’excellence à Nantes, et plus généralement dans l’entreprise (valeurs et principes Agiles, Software Crafts(wo)manship, DevOps, Lean et en particulier les techniques d’Extreme Programming qui font leurs preuves depuis deux décennies…).

Est-ce qu’on continue à développer lorsqu’on manage et lorsqu’on monte les échelons ? Comment ta journée type est-elle organisée ?

Oui, je continue à coder, principalement en pair-programming : c’est-à-dire que je me tiens à disposition de n’importe quel développeur deux demi-journées par semaine pour partager, avancer ensemble sur un sujet. 

J’interviens aussi en support lorsqu’un sujet chaud apparaît – même si ce n’est pas ce que je préfère, parce que ça ne devrait pas arriver ! 

Finalement, je développe aussi sur des sujets internes, ou encore pour préparer des formations, des présentations.

En dehors de la partie vraiment technique, une grande partie de mon temps est dédiée aux membres de la tribu d’un point de vue humain. Je veille notamment à ce que chacun ait ce dont il a besoin pour s’épanouir et progresser : ateliers Moving Motivators pour parler des sujets à améliorer, mentorat, coaching…

Mes autres tâches sont plus organisationnelles : réflexions sur les processus de recrutement et entretiens des candidats, sur la capitalisation de connaissances, mise en place de communautés de pratiques, expérimentations et réflexions sur l’amélioration continue… 

En conséquence, je n’ai pas vraiment de journée type : je traite les sujets en priorisant selon les besoins et la valeur apportée à chacun et à l’entreprise, et en fonction des priorités à court, moyen et long terme.

Qu’est-ce que tu aimes dans ton travail ?

Il y a deux principaux sujets de satisfaction dans mon travail : premièrement, l’aspect humain et la grande autonomie nécessaire pour allouer mon temps aux sujets que j’estime prioritaires. 

L’humain, parce qu’aider les autres à progresser, à passer un moment difficile, partager nos connaissances, avancer ensemble… C’est essentiel lorsque l’on travaille en équipe pour que chacun donne le meilleur de lui-même. 

L’autonomie, parce que j’ai besoin d’avoir de l’impact et de trouver du sens dans ce que je fais. Cette liberté est fondamentale, pour pouvoir m’investir dans les sujets qui font avancer la tribu sur les plans techniques, méthodologiques ou organisationnels.

De façon plus générale, la grande diversité des tâches à effectuer, indissociable du poste de CTO, est pour moi un élément épanouissant. J’adore apprendre et découvrir de nouveaux sujets, de nouvelles problématiques et de nouvelles solutions.

Quelles sont selon toi les qualités indispensables que doit avoir un CTO ?

Selon moi, un CTO doit être capable de s’adapter aux contextes, aux personnes. 

Il faut à la fois posséder, définir et partager autour de soi une vision à long terme, et s’adapter très rapidement aux situations du quotidien. 

Les qualités indispensables dépendent du contexte spécifique de chaque entreprise, mais si je devais en citer quelques-unes, celles qui me viennent en tête sont : autonomie, vision stratégique, curiosité et bienveillance.  

Quelle est selon toi la plus grande difficulté dans le quotidien d’un CTO ?

À titre personnel, ce qui me pose le plus de problèmes, c’est ce qu’on appelle le context switching : le fait d’être souvent obligé de passer d’un sujet à l’autre en permanence. C’est certes grisant, mais aussi très fatigant ! 

Et puis, ça peut être difficile de fédérer autour de la vision proposée à l’équipe, pour que chacun prenne ses responsabilités et que finalement, le CTO devienne “dispensable”. Ce que je dis là peut sembler provocateur, mais dans un monde idéal, on devrait pouvoir se passer d’un CTO ! Parce que les équipes seraient suffisamment matures pour endosser collectivement les responsabilités d’un CTO.

Avec quelles technologies est-ce que tu travailles ?

Je suis avant tout un développeur Javascript frontend et backend. Avant 2010 et les premières versions de NodeJS, j’étais plutôt sur des backend Python

Aujourd’hui, pour le confort du travail en équipe (homogénéisation, transpilation, …) je suis plutôt passé du côté Typescript (mais j’attends la sortie des tuples & records en Javascript, ce qui va être un game-changer). 

Ce n’est pas mon domaine de prédilection au départ, mais j’ai développé un goût prononcé pour l’infrastructure et le Cloud avec des technologies comme Docker, Ansible et les outils HashiCorp (Terraform, …). 

En dehors de theTribe, tous les langages fonctionnels m’intéressent, à commencer par Haskell, mais aussi Erlang/Elixir, Elm, Scala, F#… 

En termes de base de données, je travaille principalement avec Postgres mais aussi MongoDB et ElasticSearch.

Quels sont les enjeux à venir chez theTribe, d’un point de vue technique ? 

Les enjeux techniques chez theTribe sont multiples, mais liés entre eux. 

On a nos points forts et nos points faibles, comme toutes entreprises et équipes. L’idée est donc de capitaliser sur nos points forts (talents individuels, solidarité, bienveillance) et d’améliorer nos points faibles. 

Le principal enjeu est de ne pas cesser de s’améliorer, même lorsque c’est difficile. On doit donc arriver à passer au prochain niveau, et on a identifié quelques leviers :

  • Structurer nos méthodes de travail pour livrer plus de valeur, plus vite. Il y a des  sujets sur lesquels on peut s’améliorer, pour être encore plus efficaces et efficients : Extreme Programming, Lean, True Agile, Software Craftsmanship, DevOps
  • Affûter nos techniques pour assurer la qualité irréprochable que méritent nos clients :
    • Behavior-Driven Development pour capturer encore mieux le besoin
    • Test-Driven Development pour concevoir les solutions d’une encore meilleur façon
    • Port & Adapter Pattern pour s’adapter de manière encore plus fluide aux changements
    • Domain-Driven Design pour que notre code respire le métier
  • Mieux capitaliser sur les connaissances de chacun, et améliorer encore l’apprentissage de l’organisation dans son ensemble (Smart Company et Knowledge Management).

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut évoluer et devenir CTO ?

Pour le moment, je n’ai pas encore le recul nécessaire et l’expérience requise pour donner des conseils pertinents… 

Mais tout de même, il y a un conseil qui me vient en tête : faites vous votre propre avis, en essayant.  CTO fait partie des postes qui sont très contextuels : type d’entreprise, type de produits/services, taille de l’entreprise… Je le répète, aucun poste de CTO ne ressemble à un autre !

Mais il faut tout de même être averti que c’est un poste managérial (dans le bon sens du terme) plus que technique. On passe moins de temps à coder, et plus de temps à accompagner. Il faut être prêt à ça.

Florent Lucas
Responsable Commercial & Marketing @thetribe