La crise est là.
On l’a vue arriver au cours de l’année 2022, avec la guerre en Ukraine, la chute en bourse des géants de la tech, l’inflation record, des annonces de licenciements… Conséquence directe pour les startups et les PME qui innovent : l’accès au financement est devenu plus difficile.
Dans ce contexte, pour les entreprises, de nombreuses questions se posent :
- Comment continuer à innover, sans se brûler les ailes ?
- Comment sortir de la logique des levées de fonds et atteindre plus vite la rentabilité ?
- Quelles solutions pour financer sa croissance ?
- Et finalement, peut-on faire de cette crise une opportunité ?
On fait le tour du sujet dans cet article signé par Florent Lucas, Responsable Commercial & Marketing chez theTribe.
🤑 Les levées de fonds à gogo, c’est fini
On le sait : la période faste où l’argent coulait à flot pour les entreprises technologiques est révolue.
Hausse des taux d’intérêt, chute du Nasdaq, crise géopolitique, dette Covid… Les raisons sont nombreuses mais les faits sont là : selon une étude de la société de capital-risque Atomico, les investissements dans les startups ont reculé de plus de 40% au troisième trimestre 2022 par rapport à la même période un an plus tôt (source : les Echos).
L’année 2022 a vu naître moins de licornes que 2021, et les valorisations sont en chute libre : par exemple, la startup fintech Klarna, valorisée 45 milliards courant 2021, ne valait plus que 6,7 milliards à l’issue d’une levée de fonds annoncée en juillet dernier.
Les entreprises les plus impactées ne sont pas les jeunes startups en amorçage, mais plutôt les entreprises cherchant à lever des fonds en série A ou B, voire en “late stage”. Le phénomène a commencé aux États-Unis mais la France n’est pas épargnée.
Comme l’annonçait déjà Géraldine Le Meur, associée du fonds FrenchFounders, dans Le Figaro en juin dernier, ce n’est pas un ralentissement temporaire mais une tendance de fond : « Les mois et les années à venir vont être compliqués ».
Résultat : la bonne vieille rentabilité, sacrifiée un temps à l’autel de la croissance, redevient furieusement tendance sous l’effet de la crise.
“Les entreprises, en particulier les startups en phase avancée, font tout ce qu’elles peuvent pour éviter d’avoir à lever des fonds pendant cette période redoutée de down-round, et les entreprises en phase précoce se démènent pour montrer un modèle de vente plus efficace et une forte rétention des revenus afin de susciter l’intérêt des investisseurs.” (Forbes)
⚠️ Startups, PME et ETI en danger
Pour les petites et moyennes entreprises, l’étau se resserre, et pas seulement dans la tech. Car financer sa croissance devient plus difficile dans ce contexte d’argent rare, et les risques de décrochage sont réels, d’autant plus que le coût du crédit a bondi et que les banques, elles aussi, deviennent frileuses.
Si vous avez levé des fonds, vos investisseurs vont être encore plus attentifs qu’auparavant à l’atteinte de vos objectifs. Si vos résultats ne sont pas au rendez-vous et que vous consommez trop vite votre cash, ils ne vous suivront plus.
Même si les levées en amorçage sont moins impactées par la crise que les levées en série A et B, il va être plus compliqué de trouver des business angels pour vous aider si vous êtes en phase de démarrage.
Aux US, la conséquence de cette crise s’est traduite par des vagues de licenciement massives sous la pression des investisseurs : Meta, Amazon, Netflix, mais aussi Snap, Stripe, Coinbase… La tech américaine licencie à tour de bras.
Et la France n’est pas en reste : Backmarket a récemment annoncé la suppression de 13% de ses effectifs soit 93 emplois pour des raisons de rentabilité (source). La startup assurtech Luko, après avoir réalisé deux rachats début 2022, a récemment supprimé 24 postes.
« La partie humaine va être compliquée pour beaucoup d’entrepreneurs qui vont être face à des choix compliqués et devoir tailler dans les effectifs. Le phénomène a commencé aux États-Unis et va traverser l’Atlantique. Ainsi ceux qui ont beaucoup recruté pour anticiper une valorisation haute auprès des fonds d’investissement risquent d’être obligés de trancher.” (Géraldine Le Meur)
💡 Et si la fin de l’abondance était une bonne nouvelle ?
Ces nouvelles ne sont pas bonnes pour les entreprises, notamment pour celles qui innovent et ont besoin d’argent frais pour financer leur développement. Aucun entrepreneur n’a envie de mettre la clé sous la porte ou de sacrifier une partie de son personnel. Et pourtant… Comme dans toute crise, il faut y voir une opportunité.
Tout d’abord, le monde en 2023 n’est plus celui de 2010. Au plus fort de l’âge d’or des startups, des milliards ont été investis dans des idées qui ne créaient aucune valeur. On investissait des millions dans un projet sur la base de quelques slides, d’une intuition… avec à la clé, beaucoup de gâchis.
Mais en 2023, le gâchis, c’est fini : les maîtres mots sont sobriété, frugalité, dans tous les domaines. On veut des entreprises qui créent des produits utiles, pour le monde, pour l’environnement, ou plus modestement – et c’est déjà très bien – pour leurs utilisateurs.
C’est une bonne chose. Car le culte de l’hypercroissance a amené de nombreux projets à se brûler les ailes, pour avoir voulu grossir trop vite. On a tous vu cette startup qui dépense tout son cash en marketing ou en recrutements alors qu’elle n’a pas encore validé son marché, et qui, un ou deux ans plus tard, licencie la moitié de son effectif ou pire, met la clé sous la porte. Cette situation, en période de crise, devrait moins se produire. La fin de l’abondance va ainsi avoir un impact positif : celui d’éviter les drames à l’avenir.
Et puis, qui dit frugalité dit aussi créativité : quand on a des moyens limités, on est plus inventif, plus productif, plus malin. On va à l’essentiel, et on crée des solutions plus durables, pérennes… et plus rentables.
“Avant, le taux de croissance était l’indicateur juge de paix. Aujourd’hui, les investisseurs regardent les marges contributives, le cash flow et l’Ebitda. Les indicateurs suivis par les fonds d’investissement sont en train de changer. Les levées de fonds doivent tirer des leçons des excès de valorisation.”
(Sarah-Diane Eck)
📈 Comment croître durablement en temps de crise ?
Comment atteindre plus vite la rentabilité ?
Comment continuer à innover alors que l’argent se fait rare ?
Quelles solutions pour financer sa croissance ?
Nous avons identifié 4 leviers pour aider les entreprises à être résilientes et à continuer à soutenir leur croissance malgré la crise.
1 – La méthode Lean Startup pour des produits plus rentables, plus vite
La méthode Lean Startup, c’est l’approche que nous défendons depuis toujours chez theTribe, et en période de crise, elle est d’autant plus nécessaire. Il est urgent de l’adopter pour tout type de projet – pas seulement dans les startups.
Concrètement, ça veut dire quoi ?
❌ Ne pas mettre 18 mois à développer un produit en sous-marin sans le confronter à ses utilisateurs
❌ Ne pas se lancer dans le développement d’une nouvelle fonctionnalité impactante sans avoir testé en amont son intérêt pour les clients
❌ Ne pas se lancer se lancer en tunnel dans un chantier de long terme – comme une refonte – mais y aller par étapes
✅ Commencer par créer un MVP au lieu de se lancer dans des développements longs et coûteux
✅ Adopter une approche Test & Learn avec des itérations courtes et des feedbacks utilisateurs réguliers
✅ Rester toujours à l’écoute de son marché et de ses clients, et utiliser la data pour valider ses intuitions
Pour aller plus loin, on vous conseille de lire cet article qui présente en détail notre méthode pour des projets qui réussissent : Méthode de l’artichaut : ma recette pour concevoir des produits qui ont de l’impact
Cette approche nous semble essentielle en période de crise car elle permet aux entreprises d’atteindre plus vite leur Product Market Fit, de rentabiliser leurs efforts, et de rester toujours réactives aux besoins de leur marché.
2 – Des équipes alignées et résilientes
Dans un contexte difficile, il est plus que jamais important de partager au sein de l’entreprise une vision commune et de casser les silos. Toute l’équipe doit converger vers un but commun pour survivre à la crise.
Mais comment faire pour dépasser les querelles de clocher et créer des équipes alignées ?
Tout commence par une vision claire et partagée par tous, et une responsabilité partagée.
Commencez donc par mettre au point votre North Star Metric pour aligner votre équipe autour d’un objectif commun. Vous pouvez ensuite décliner cet objectif en sous-objectifs avec la méthode des OKR. L’idée est que les équipes sachent à tout moment dans quel sens avancer, ensemble, et que tous les efforts aillent dans la même direction.
Sur chaque sujet clé et chaque nouveau projet, on peut aussi mettre en place des équipes (ou squads) pluridisciplinaires : en mobilisant différents métiers au service d’un but commun, vous obtiendrez de meilleurs résultats et vos équipes seront plus soudées.
Cet environnement permet de faire collaborer les gens dans la confiance, et de laisser émerger les initiatives.
3 – Adopter de nouveaux outils pour financer votre croissance
Et si on a vraiment besoin de cash, et que la banque n’est pas au rendez-vous, vers qui se tourner ?
Pour financer la prochaine étape de votre aventure entrepreneuriale, la refonte de votre SI ou le lancement d’un nouveau produit, la levée de fonds n’est pas la seule solution.
Vous pouvez aussi faire appel à des méthodes de financement non dilutif comme ce que propose la société Karmen.
Ce nouvel acteur du financement permet aux startups, PME et ETI de débloquer jusqu’à 5M€, sous 48h, sans dilution de capital.
Karmen propose plusieurs produits de financement : pour accélérer la croissance des entreprises à revenus récurrents (SaaS, c-commerce), pour faire un pont de trésorerie en attendant une prochaine augmentation de capital…
Avec ce type de solution, vous financez votre croissance tout en gardant la maîtrise de votre entreprise, avec plus de souplesse qu’avec une banque classique.
Mais attention : n’attendez pas d’être aux abois pour chercher un financement en urgence ! Plus vous anticipez vos besoins de trésorerie, plus les difficultés seront faciles à dépasser.
4 – Continuer à innover, coûte que coûte
En période de crise, il est tentant de couper tous ses investissements, de continuer le business as usual, et de faire le dos rond en attendant que ça passe. Ce serait une erreur.
Les entreprises qui tireront leur épingle du jeu dans les années à venir sont celles qui sauront continuer à investir, à innover et à se développer malgré la crise :
- Proposer de nouveaux produits et solutions innovants ;
- Faire évoluer leur produit pour répondre aux demandes du marché et s’adapter à la concurrence ;
- Ne pas remettre à plus tard les investissements nécessaires à la pérennité de leur produit (sécurité, infrastructure, refonte technique).
L’idéal, c’est de ne pas se lancer dans des chantiers trop lourds, mais d’y aller par étape.
Deux exemples :
💡Au lieu de lever des fonds pour financer le développement complet d’un nouveau produit, vous pouvez partir sur la conception d’un MVP léger et minimaliste ; si les retours sont positifs, alors vous pourrez aller chercher d’autres financements, fort de données tangibles sur les perspectives de votre produit.
💡Votre produit est écrasé par la dette technique ? Vous avez besoin de lancer une refonte ? Au lieu de brûler toute l’énergie de votre équipe technique dans un chantier long et coûteux (et ainsi mettre en pause vos autres projets), vous pouvez y aller en plusieurs étapes, comme on l’explique dans cet article sur la dette technique ou cet article sur les refontes. Vous pouvez vous faire aider par un prestataire (comme theTribe 😉) pour profiter de son expertise, et pour permettre à votre équipe technique de continuer à innover en parallèle.
Là aussi, pour financer ce type de projets, il peut être préférable et plus facile de passer par un financement type Karmen, plutôt que de chercher des fonds extérieurs.
Ainsi, il est possible pour les entreprises de faire de cette crise une opportunité.
Peut-être cette étape était nécessaire, pour que l’écosystème des startups atteigne une nouvelle étape dans sa maturité. Mais aussi pour permettre à de nouvelles entreprises d’émerger : des entreprises peut être moins “sexy” que les licornes des années 2010, mais plus pérennes, plus responsables, plus résilientes.