Marine est Product Manager depuis 5 ans. Elle a eu l’occasion d’accompagner 7 clients depuis son arrivée chez theTribe, en octobre 2020. Au travers de leurs contextes variés et passionnants, elle a concrètement pratiqué le Vision Sprint et nous en parle aujourd’hui.
Marine, peux-tu nous dire en quoi le Vision Sprint est important et apporteur de valeur sur un projet ?
Selon moi, le Vision Sprint permet de faire 3 choses indispensables à la bonne conduite d’un projet :
- Prendre du recul sur le produit, en se posant la question essentielle de sa raison d’être, des utilisateurs cibles, des besoins auxquels il doit répondre, mais aussi en définissant des indicateurs qui permettront de s’assurer de son succès une fois lancé.
- Aligner l’équipe en charge du développement et le client commanditaire autour d’une vision commune, et définir ensemble les priorités.
- Anticiper les difficultés potentielles et les écueils techniques qui pourraient retarder le projet, voire compromettre sa réussite.
En tant que Product Manager, quelle est ton expérience d’animation des Vision Sprint et que peux-tu nous dire de ce rôle ?
C’est à la fois fascinant d’être présente au démarrage de la définition du projet et du produit, et extrêmement challengeant car il faut arriver à poser les questions pertinentes, travailler sur le « pourquoi » et guider les participants dans la bonne direction. Cela demande beaucoup d’empathie : certains clients ne sont pas très familiers avec ce type d’atelier et doivent donc être accompagnés dans cet exercice ; d’autres au contraire, ont l’impression de réexpliquer des éléments qu’ils travaillent depuis des années. Il faut donc leur faire comprendre l’importance de partager leur vision avec les autres. Enfin, dans un contexte de télétravail presque systématique, il est absolument nécessaire d’apporter du rythme et de l’énergie à un atelier qui peut durer parfois plusieurs heures en distanciel. Il faut éviter les trop longues digressions tout en laissant aux participants la liberté d’exprimer les choses importantes pour eux.
D’après ton expérience du Vision Sprint, quel atelier est le plus impactant pour les équipes ?
De mon point de vue, l’atelier le plus marquant pour les équipes de nos clients, mais également pour les équipes theTribe, c’est le Lean Canvas (ou ses variantes).
- Côté client, cet atelier force à prendre du recul sur un projet qu’on pense connaître par cœur et sur lequel on travaille parfois depuis des années. Cela permet de revenir aux fondamentaux : quels problèmes je souhaite résoudre, quelle est ma cible, quelle est ma proposition de valeur, quelles sont les hypothèses que je cherche à démontrer ? Parfois, cet exercice se révèle assez surprenant : on peut être amené à changer ses hypothèses de départ.
- Côté theTribe, cet atelier est une vraie immersion dans l’univers de nos clients. Cela permet de toucher du doigt ses problématiques, son projet, et de se sentir vraiment impliqués dans une même mission, vers un même but.
Quel atelier du Vision Sprint trouves-tu le plus challengeant et difficile. Pourquoi ?
Je dirais que l’atelier le plus difficile est très certainement l’atelier impact, qui permet de définir avec nos clients les métriques importantes du projet et du produit développé. Métriques qui nous permettront de nous assurer de leur succès. La complexité est double :
- Il est parfois difficile pour nos clients de définir leurs métriques « à froid ». Nous avons donc pour habitude de leur poser une question toute simple : qu’est-ce qui pour vous est un succès ? Nous prenons souvent l’image du champagne (« À quel moment de votre projet sortirez-vous le champagne ? »), et généralement cet exercice aide à clarifier les choses.
- La deuxième difficulté c’est de savoir comment tracker les informations qui nous intéressent. Il s’agit parfois de mettre en place des outils d’analytics sur le site (et donc d’accepter de consacrer une enveloppe budgétaire à la mise en place d’un plan de marquage et d’outils adéquats), ou encore de trouver un moyen de mesurer des éléments « offline », qu’on ne peut pas forcément tracker dans le produit directement (ex : nombre d’appels téléphoniques, nombre de visites physiques, etc.). D’autres difficultés liées à la mesure du succès se révèlent souvent plus tard dans le projet : il ne s’agit pas seulement de définir des métriques et mettre en place des outils pour les suivre, il faut également savoir les analyser dans le temps. Il faut réussir à comprendre si les développements que l’on fait sur son produit et les actions marketing qui gravitent autour impactent positivement ou négativement ces métriques.
Quelles limites vois-tu à un Vision Sprint, et comment y remédier, selon toi ?
Je vois deux limites principales au Vision Sprint :
- La première est une question de temps : en quelques jours d’ateliers, on ne peut pas tout anticiper, tout prévoir, tout connaître. Ces ateliers sont un tremplin pour commencer les développements avec des hypothèses à tester, mais ne doivent en aucun cas être vus comme une baguette magique qui permet d’avoir des réponses à toutes les questions. Le Vision Sprint ne nous prémunit pas des surprises et des remises en question tout au long des développements.
- La deuxième est de lancer un Vision Sprint en travaillant en vase clos, sans impliquer les utilisateurs finaux dans les ateliers ou sans s’assurer que leur voix est bien représentée. Le risque alors est de commencer à développer un produit qui ne répond pas à de vrais besoins.
En définitive, ce qui compte c’est l’état d’esprit avec lequel on aborde le Vision Sprint : il doit être le reflet d’une approche agile où l’utilisateur est placé au centre des préoccupations et où la démarche empirique a la part belle : on part d’une hypothèse, on la teste et on adapte sa stratégie. Le Vision Sprint n’est pas une fin en soi mais le début d’une aventure !
Quels écueils penses-tu que le Vision Sprint permette d’éviter sur un projet ?
Le Vision Sprint permet d’éviter de passer du temps sur le développement de fonctionnalités non essentielles. Il offre donc la possibilité de travailler sur un vrai MVP qui apportera de la valeur aux utilisateurs, sans superflu. Il contribue à livrer un produit qui correspond aux attentes du client et à celles du marché. Il minimise le risque de se retrouver face à une problématique technique de taille non anticipée, qui obligerait à reprendre des pans entiers de code ou à revenir sur une infrastructure non adaptée.
En tant que Product Manager, comment gères-tu un client qui ne voudrait pas ou ne pourrait pas faire de Vision Sprint ?
Ce cas de figure ne m’est jamais arrivé. Grâce à notre approche sur mesure en avant-vente, nous proposons systématiquement un panel d’ateliers qui correspond aux besoins du client et à l’investissement qu’il est prêt à mettre dans cette phase de pré-développement. Il nous arrive parfois de limiter le Vision Sprint à 2 ou 3 ateliers uniquement, par exemple un atelier « impact » nous permettant de définir ensemble les éléments clés du projet et un atelier technique.
Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans l’exercice du Vision Sprint ?
C’est le fait de mettre tout le monde autour de la même table : les utilisateurs, les clients, les développeurs, les responsables projets, afin d’être sûrs d’être alignés autour du même objectif. C’est pour moi primordial d’embarquer toute l’équipe sur un Vision Sprint : rien de pire que d’hériter d’un travail auquel on n’a pas participé (par exemple quand les intervenants ne sont pas les mêmes pour le Vision Sprint et les développements) !
En tant que Product Manager, comment penses-tu que le Vision Sprint impacte ton travail ?
C’est la partie de mon travail que je préfère ! Elle permet de travailler sur la vision et la stratégie produit, mais aussi de faire parler ensemble tous les acteurs indispensables à la bonne réussite du projet. Un bon Vision Sprint c’est un garde-fou contre les dérapages du projet (MVP trop éloigné des attentes du marché et du client, dépassement de budget, difficultés de communication dans l’équipe, incompréhensions…).
Expérimenter cette méthodologie au quotidien dans mes projets est un vrai enrichissement, car j’apprends beaucoup humainement, techniquement et sur les problématiques de mes clients.