Image mise en avant - des étagères de plantes semblables à des étagères de serveurs web
Expertise

Quel hébergeur web choisir pour limiter votre empreinte environnementale ?

Publié le : 29 septembre 2022
Temps de lecture : 7 minutes

Lorsque je parle d’empreinte environnementale du numérique, notamment dans le cadre de la formation à l’éco-conception que nous avons conçue chez theTribe, un des sujets qui revient souvent, c’est l’hébergement. Pourtant, c’est loin d’être le premier critère sur lequel se pencher. Produit, Design, Développement : toutes les étapes de la conception d’un produit ont un rôle à jouer, et le datacenter n’est qu’un maillon de la chaîne.

Toutefois, il existe des critères de choix et des bonnes pratiques pour que l’hébergement de votre produit numérique soit en phase avec une approche écoresponsable : on en parle dans cet article.


Sommaire :


Quel est le rôle de l’hébergement dans l’empreinte carbone d’un produit digital ? 🏡

Pour commencer, soyons très clairs : quand on s’intéresse à l’empreinte environnementale du numérique dans son ensemble, on voit vite que les datacenters ne sont pas les premiers responsables.

On le dit et on le redit : ce sont les équipements (ordinateurs, téléphones…) qui ont le plus fort impact, comme le rappelle une étude Green IT.

Si l’on s’intéresse plus spécifiquement à l’émission de gaz à effets de serre, responsables du réchauffement climatique, les datacenters ne représentent que 15% des émissions imputables au numérique.

Tableau montrant l'impact environnemental des différents acteurs du numérique.

C’est avant tout la fabrication des équipements numériques (ordinateurs personnels, téléphone…) qui consomme de l’énergie, de l’eau, génère des gaz à effet de serre et des déchets.

Ensuite, si l’on s’intéresse plus spécifiquement aux leviers d’action d’une entreprise pour diminuer son empreinte environnementale, l’hébergement web est là aussi, loin d’être le seul coupable à pointer du doigt. Le chauffage et la climatisation des bureaux, les déplacements du personnel, l’achat de matériel informatique… Il y a bien d’autres sujets sur lesquels agir !

Mais si votre métier est d’éditer une plateforme web (site web grand public, e-commerce, logiciel SaaS), vous avez certainement envie de faire les meilleurs choix pour limiter les dégâts générés par votre activité.

Et on vous y encourage !

Avant de vous pencher sur votre hébergement, commencez par adopter une démarche d’écoconception. L’écoconception n’est pas qu’un sujet technique, loin de là : c’est avant tout une approche de sobriété dans la conception de votre produit web, c’est à dire ne conserver que les fonctionnalités réellement utiles. On en parlait déjà dans cet article : Éco-conception et UX : même combat !

Toutefois, il existe bien des datacenters plus énergivores que d’autres, des hébergeurs plus vertueux que d’autres, et des techniques pour minimiser l’empreinte environnementale de votre infrastructure. Bien entendu, l’impact de vos décisions ne sera pas le même, en fonction du trafic sur votre site, et en fonction de la puissance de calcul nécessaire pour faire tourner votre application.

Mais dans tous les cas, c’est une bonne chose que de se poser la question, notamment avant de choisir votre hébergeur. On vous explique tout ça.

Pourquoi les datacenters sont-ils pointés du doigt ? 👈

Avant de se lancer dans la recherche de l’hébergeur le plus green, il faudrait déjà comprendre de quoi on parle exactement : en quoi les datacenters sont-ils “mauvais” pour l’environnement ?

Et en premier lieu, les datacenters sont très énergivores. Ils consomment de l’électricité en permanence, pour leur fonctionnement et pour leur refroidissement. Selon un rapport de la commission européenne, la consommation d’énergie des datacenters est passée de 53,9 TWh/an en 2010 à 76,8 TWh/an en 2018, et elle devrait atteindre 92,6 TWh/an en 2025. C’est donc un sujet à prendre très au sérieux. Le refroidissement des serveurs consomme aussi de l’eau, denrée précieuse, notamment en période de sécheresse.

Au-delà de la consommation d’électricité, le matériel en lui-même est aussi une source de pollution numérique. On ne dispose que de peu d’informations de la part des gros hébergeurs sur la durée de vie de leur matériel. Mais il est évident que la fabrication de ce matériel et sa fin de vie participent à l’impact environnemental des hébergeurs.

Enfin, on reproche aux datacenters la surface au sol qu’ils utilisent, au détriment des terres arables ou forestières.

Un hébergeur green, ça existe ? 🍃

Malgré tout cela, existe-t-il des hébergeurs plus “verts” que d’autres ? 

La réponse est OUI.

Mais attention aux déclarations d’intention.

Quand les gros acteurs de la tech, comme Amazon, Microsoft Azure ou Google, parlent de neutralité carbone, leurs propos sont à prendre avec des pincettes. 

Oui, ils prennent des engagements et ont les moyens d’investir dans des solutions innovantes pour diminuer la consommation d’énergie de leurs datacenters. Compte tenu de la hausse des coûts de l’énergie, c’est même une nécessité économique pour eux. 

Mais non, ils ne sont pas “neutres en carbone”. Tout d’abord parce que pour une entreprise, ça ne veut pas dire grand-chose ; et d’autre part, parce qu’ils compensent leurs émissions en achetant des “crédits carbone”, une pratique largement discutée pour son efficacité.

Outre la compensation, certains hébergeurs achètent de l’énergie verte pour appliquer leur politique RSE. C’est une bonne chose car cela soutient la production d’énergie verte, mais attention : cela ne veut pas dire que les datacenters consomment uniquement de l’énergie propre. Dans les faits, en cas de pic de consommation, rien ne les empêche de se tourner vers des énergies fossiles comme le gaz ou le charbon.

Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : il existe divers moyens pour un hébergeur de diminuer son empreinte environnementale.

  • Diminuer les besoins en refroidissement des serveurs : mise en place d’une climatisation naturelle, serveurs plongés dans des bains d’huile…
  • Réutilisation de la chaleur produite (par exemple, pour le chauffage urbain)
  • Installation d’un datacenter à proximité directe d’une source d’énergie verte (panneaux solaires, centrale hydraulique…)

Quels critères retenir pour choisir son hébergeur ? 🏆

Vous l’avez compris : entre les déclarations et la réalité, il n’est pas facile de faire le tri. Aucune solution n’est parfaite ! 

Voici tout de même les critères que vous pouvez étudier pour faire votre choix.

👉 Emplacement du datacenter

En premier lieu, vous pouvez choisir un datacenter en fonction de sa localisation. 

Un serveur localisé en France, où l’énergie consommée est principalement décarbonée, émettra moins de gaz à effet de serre qu’un serveur localisé en Allemagne.

C’est d’autant plus vrai si la majorité de vos utilisateurs et utilisatrices vivent en France métropolitaine : cela évite de surcharger le réseau, notamment si vous avez beaucoup de trafic.

Cerise sur le gâteau : héberger vos données en France est un gage de confidentialité des données, un sujet de plus en plus crucial depuis le RGPD. C’est notamment important si vous hébergez des données personnelles et sensibles. À l’inverse, si vos données sont hébergées aux États-Unis ou détenues par des sociétés américaines, elles sont soumises à la législation américaine (Patriot Act et Cloud Act).

👉 Engagements de l’hébergeur

Consommation d’énergie verte, refroidissement des serveurs, cycle de vie du matériel : épluchez les engagements de votre hébergeur pour vous faire un avis. Quelques exemples de bonnes pratiques :

  • En France, Scaleway dispose d’un datacenter à Paris (DC5) qui utilise un système de refroidissement adiabatique, qui permet d’économiser 30 à 50 % d’énergie par rapport à un datacenter classique.
  • Datacampus, une autre entreprise française, utilise le refroidissement par immersion dans un liquide conducteur pour refroidir ses serveurs de façon plus écologique.
  • Toujours en France, DRI utilise des serveurs reconditionnés, et a également recours au refroidissement adiabatique.
  • En Suisse, l’hébergeur Infomaniak n’utilise que de l’énergie renouvelable (60 % d’énergie hydraulique, 40 % d’énergie verte). L’entreprise possède d’ailleurs sa propre centrale solaire.

De notre côté, chez theTribe nous avons choisi d’héberger notre environnement de pré-production chez Scaleway à Paris.

Et Amazon, dans tout ça ? 👀

Si vous avez choisi AWS pour héberger votre plateforme, est-ce que vous devez changer ? 

La réponse n’est pas si simple que ça.

Il est vrai qu’Amazon propose une batterie de services et un niveau de performances difficile à battre. Et c’est ce qui rend l’offre AWS très attractive. Il est vrai aussi que l’on  n’a pas toujours les compétences en interne pour infogérer un serveur, et quand on est habitué à l’environnement AWS, c’est difficile d’en sortir.

Sachez juste que des hébergeurs plus verts qu’Amazon, en France, proposent des services plus ou moins comparables à ceux d’AWS… et moins chers !

Par exemple, nous avions fait le comparatif suivant pour un de nos clients : pour l’hébergement d’un site avec un trafic de 500 000 visites par mois, le coût estimé est de 30 000 € par mois chez Amazon, contre 13 000 € par mois chez Scaleway, avec des services équivalents.

Il y a donc un calcul à faire : certes, sortir d’Amazon peut demander un temps d’apprentissage pour vos équipes, mais sur le long terme, vous serez peut-être gagnant.

Vous pouvez aussi choisir de rester chez AWS tout en adoptant une démarche de sobriété énergétique. En choisissant un datacenter localisé en France (oui, il y en a aussi chez Amazon !) et une offre adaptée, vous pouvez tout à fait optimiser la consommation d’énergie de votre site ou de votre application.

L’hébergement serverless, une bonne pratique pour optimiser la consommation d’énergie ? 🔋

Avec une offre serverless, vous n’avez pas accès à une machine en particulier : le service est hébergé sur un ou plusieurs serveurs que vous pouvez utiliser à la demande.

Les entreprises choisissent souvent ce type de service car elles n’ont pas les compétences DevOps en interne, et pour maximiser les performances de leur application.

Mais une autre conséquence de cette technologie, c’est qu’elle permet une optimisation de l’allocation des ressources pour rentabiliser les machines. Alors que si vous réservez un serveur dédié mais que vous ne l’utilisez qu’à 5% de sa capacité, le reste consommera de l’énergie pour rien.

Choisir cette approche peut donc s’avérer tout à fait cohérent avec une logique de sobriété. 

Toutefois, on ne saurait que trop vous conseiller de privilégier un datacenter localisé en France !


Pour aller plus loin sur ce sujet, quelques autres ressources :

La charte d’éco-conception theTribe

Eco-concevoir son projet tech : les variables à prendre en compte et les leviers pour réduire son impact

Éco-conception et UX : même combat !

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Florent Lucas
Responsable Commercial & Marketing @thetribe